Et si l’école creusait la tombe des marques horlogères ?

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Your children's education could be slowly killing watch brands - Editorial
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Nos nouvelles habitudes seraient-elles une menace pour l'horlogerie?

Rien de tel qu’un titre accrocheur pour attirer l’attention, n’est-ce pas ? Le quartz n'a pas réussi à tuer la montre mécanique (même s’il s’en est fallu de peu) et la montre connectée n'a pas conduit à la catastrophe que certains commentateurs prédisaient il y a quelques années. Pourtant, une news de cette semaine laisse entendre qu’une menace encore plus inquiétante pèse sur l’horlogerie "traditionnelle".

Au cours des dernières semaines, le Royaume-Uni a été secoué d’apprendre que certaines écoles retiraient les horloges analogiques des salles d'examen car les élèves sont incapables de les lire. Malcolm Trobe, secrétaire général adjoint de l'Association des directeurs d'école et d'université (Association of School and College Leaders, ASCL), est même allé jusqu'à suggérer que «la présence d’une horloge traditionnelle dans une salle d'examen pourrait être une source de stress inutile».

Il semble que ce qui est une seconde nature pour les générations plus âgées ne soit pas si évident pour les plus jeunes. Ils ont grandi avec des appareils numériques et la lecture de l'heure dans un format numérique leur est beaucoup plus familière. Star de la téléréalité britannique, Joey Essex, par exemple, est tout à fait incapable de lire l'heure. Il est facile de se moquer de lui, mais qui sait combien d'autres personnes moins célèbres de sa génération ont le même problème? Heureusement pour Joey Essex, cela ne l'empêche pas d'afficher une Rolex en or comme accessoire de mode.

Les marques horlogères devraient-elles donc attribuer une partie de leurs budgets marketing à l'éducation? La Fédération suisse de l'industrie horlogère et la FHH devraient-elles insister auprès des gouvernements du monde entier sur l'importance d'apprendre à lire l'heure? Comment attendre de la prochaine génération qu’elle comprenne les affichages rétrogrades et les grandes complications si les jeunes d'aujourd'hui ont déjà du mal à maîtriser la lecture de l’heure sur un cadran basique à trois aiguilles?

Le problème dépasse probablement le cadre de l'industrie horlogère suisse. Si, comme moi, vous vous rendez au travail tous les jours, vous êtes sûrement entourés de personnes qui regardent, écoutent ou parlent à un petit appareil rectangulaire. Ceux qui ne le font pas sont désormais l'exception. La semaine dernière, dans un train bondé et très en retard (ce qui est rare en Suisse), j'ai été approché, avec mes compagnons de voyage, par une journaliste de la télévision suisse qui souhaitait nous filmer pour un reportage sur l’addiction au téléphone portable. Dans le wagon, il n'y avait pas une seule personne qui n'avait pas les yeux rivés sur son téléphone. Mais aussi, quand vous voyagez debout dans un train bondé, il n’y a pas beaucoup d’autres façons de passer le temps…

L’utilisation des premiers nombres remonte à l’écriture sumérienne, il y a plus de 5000 ans. Les Sumériens avaient des signes pour les nombres 1, 10, 60, 600 et 3600, fondant ainsi le système de la numérotation en base 60 qui est la pierre angulaire de la lecture de l’heure et du système de division d’un cercle en degrés (indispensable à tous ceux qui doivent savoir lire des cartes et naviguer avec une boussole). Il serait dommage de perdre cet héritage millénaire simplement parce que notre dépendance excessive à nos smartphones nous simplifie considérablement la vie.