Quand précision, big data et art entrent en collision

HALO, 4ème Commission d’Art d’Audemars Piguet, sous la loupe.

HALO, la 4ème Commission d’Art d'Audemars Piguet, exposée à Art Basel cette année, est une oeuvre ambitieuse qui présente des données complexes issues de l'expérience ATLAS du CERN, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire, sous la forme d'un instrument électro-acoustique. Le projet a réuni Audemars Piguet, dont les commissions d'art cherchent à explorer les thèmes de la complexité et de la précision inhérents au monde de l'horlogerie, le CERN, dont les accélérateurs de particules chevauchent la frontière franco-suisse à la périphérie de Genève  (et, qui, vous serez peut-être surpris de l’apprendre, possède son propre département d'art) et Semiconductor, le duo britannique composé de Ruth Jarman et de Joe Gerhardt, experts dans l’art de rendre accessibles sous forme d’oeuvres d’art des phénomènes scientifiques complexes.

Quand précision, big data et art entrent en collision

Conçue pour ressembler à la structure-même du détecteur ATLAS, cette installation présente visuellement et acoustiquement ce qui se passe en son coeur. L'accélérateur ATLAS propulse des particules les unes contre les autres à une vitesse légèrement inférieure à celle de la lumière pour tenter de recréer les événements qui se sont produits un milliardième de seconde après le big bang. Présenter de tels événements relève de la gageure, mais c'est le genre de défi que Semiconductor apprécie. "Nous nous intéressons à la nature et à la matière présentes au-delà des limites de notre perception", explique Ruth Jarman, "des choses qu’on ne peut ni voir ni entendre, ou des événements qui se produisent sur une très longue période ou sur un très court laps de temps. "

De fait, Semiconductor a l'habitude de travailler en étroite collaboration avec des scientifiques, et leur séjour au CERN s’est révélé parfait pour concevoir HALO. Joe Gerhardt raconte toute l’histoire: "HALO est née du désir d'accéder aux données brutes du CERN, qui sont ce qui s’approche le plus de l'événement naturel. Les scientifiques ne sont pas intéressés par les données brutes, mais par une version filtrée qui ne contient que l'information dont ils ont besoin pour leurs études. Il nous a fallu trois mois juste pour composer avec la hiérarchie du CERN pour voir comment nous pourrions obtenir les données dont nous avions besoin. "

Après avoir obtenu ce que l'on appelle les « minimum bias data », le duo a pu commencer à réfléchir à la façon de les présenter. "Les particules sont des points dans l'espace, mais aussi des vagues", note Joe Gerhardt. "Nous voulions donc quelque chose qui puisse montrer les points dans l'espace mais aussi jouer des ondes sonores. Les points que vous voyez représentés sous forme de lumière sont également émis sous forme d’ondes sonores par des marteaux frappant des cordes, de sorte que l’on voit réellement les particules et les points de lumière et qu’on les entend en même temps en tant qu’ondes sonores. "

Quand précision, big data et art entrent en collision

L'installation vise à immerger le spectateur comme s'il se trouvait à l'intérieur du détecteur. Il peut observer les particules entrant en collision et les motifs dispersés sur le détecteur, tout en étant entouré de sons étranges produits par des marteaux frappant les 384 cordes, accordées individuellement, au coeur d'une structure circulaire composée de 16 éléments distincts, dont chacun a été fabriqué à la main. Placé au centre de la Halle 4 complètement noire d'Art Basel, HALO est un spectacle captivant qui vous plonge au coeur de la science de pointe. Et pourtant, il n’est pas nécessaire de comprendre la science pour l'apprécier. C’est là toute la beauté de HALO.

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