And the winner is...

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Les prix horlogers de fin d'année attisent toutes les convoitises. Mais pourquoi donc cette agitation? Et ne prend-on pas le public pour un gogo en élisant plus de 30 «montre de l'année 2011» en moins d'un mois?


WORLDTEMPUS – 28 novembre 2011

Michel Jeannot

                                                                                                                                                         Chronique

Il y a ceux qui organisent les prix, ceux qui les adjugent, ceux qui les promeuvent, ceux qui les reçoivent et ceux qui les commentent. Mais ce n'est pas tout: il y a aussi ceux qui les brandissent, ceux qui les haïssent, ceux qui s'en servent comme d'un étendard, ceux qui croient qu'ils sont truqués, ceux qui supputent qu'ils sont vendus aux plus offrants, ceux qu'on n'achète pas, ceux qui espèrent les recevoir, ceux qui en font une fixation, ceux qui les désertent après s'en être gavés, ceux qui les portent aux nues, ceux qui les vouent aux gémonies, ceux qui les vénèrent, ceux qui les évitent, ceux qui les espèrent, ceux qui les attendent comme un cadeau d'avant-noël, ceux qui les reçoivent en héros, ceux qui y sont ethiquement opposés, ceux qui se retournent comme des crêpes dès qu'ils reçoivent leur premier prix, ceux qui n'en reçoivent pas et qui restent fair-play, ceux qui ne manqueraient ces rendez-vous sous aucun prétexte, ceux qui aiment surtout le champagne, ceux qui préfèrent les petits fours, ceux qui ont un avis sur les prix, ceux qui en décernent et qui ont surtout un avis – négatif - sur les prix des autres, ceux qui commentent doctement toutes les décisions des jurys, ceux qui dissertent sur les prix avant qu'ils ne soient décernés, ceux qui savaient avant les autres, ceux qui aimeraient qu'on les consulte, ceux qui parient que tel annonceur va gagner, ceux qui parient sur l'indépendance, ceux qui mettent des notes aux organisateurs, ceux qui veulent en organiser, ceux qui s'autoproclament best of the best, et il y a tous ceux qui s'en moquent éperdument. Et ils représentent largement plus que tous les autres réunis.

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La nausée des récompenses

D'où une première question: combien sont-ils à avoir acheté une montre parce qu'elle avait glané tel ou tel prix? Silence gêné dans l'assemblée… Mais c'est sans doute le moindre mal. Car le problème est ailleurs: dans le surnombre.

Puis il y a l'indigestion de prix, la nausée des distinctions et son torrent de communiqués triomphants qui tombent en rafale et perdent tout crédit. Allez faire comprendre au client lambda qu'il y a une bonne trentaine de «Montre de l'année 2011» dans un rayon de 500km autour du lac Léman sans que sa perspicacité soit mise en éveil…

On reproche aux horlogers la multiplication des labels et on décuple dans le même temps les distinctions horlogères. Cette explosion de distinctions est indéfendable, n'était l'intérêt des organisateurs et leur capacité à en tirer profit. Car c'est bien là que le bât blesse. Les prix tels qu'ils sont mis sur pied aujourd'hui en de nombreux points du globe servent, pour une grande majorité d'entre eux, avant tout les intérêts des organisateurs, lesquels sont pour l'essentiel des éditeurs ou des organisateurs de salons.

En attendant les prochaines proclamations dans les jours à venir

Ça fait beaucoup d'énergie pour un résultat qui n'a jamais été vérifié. Et la présente chronique n'est sans doute pas plus nécessaire que les prix qu'elle entend commenter. Alors, pour en finir, récapitulons le palmarès de l'année, en attendant quelques nouvelles proclamations dans les jours à venir. On vous fait grâce des nominés, voici uniquement les élus de quelques «Montre de l'année 2011». Inspirez profondément, retenez votre souffle, c'est parti: De Bethune (DB 28), Boucheron (Hathi), Hermès (Arceau Le Temps Suspendu), Urwerk (UR-110 Titanium), Van Cleef & Arpels (Lady Arpels Paysage Polaire), Zenith (Academy Christophe Colomb Equation du Temps), TAG Heuer (Mikrotimer Flying 1000 Chronograph), Montblanc (Star Worldtime GMT Automatic), Audemars Piguet (Millenary 4101), Vianney Halter, Patek Philippe (Patek Philippe Museum), Roger Dubuis (Excalibur Lady), Maison Breguet, TAG Heuer (Carrera Mikrograph 1/100ème), Frédéric Jouvenot, Ulysse Nardin (Freak Diavolo), Breguet (Classique Hora Mundi), Jaeger-LeCoultre (Duomètre à Quantième), Harry Winston (Rendez-vous), A. Lange & Söhne (Lange 1 Daymatic), Ball Watch (Engineer Master II Diver Worldtime), Harry Winston (Rosebud), Pequignet (Rue Royale), Corum (Golden Bridge Automatic), Bovet Fleurier (Tourbillon Ottanta), Hublot (Cathedral Minute Repeater), Rolex (Datejust Lady), Seiko (Premier Kinetic Perpetual), Christian van der Klaauw (CK Retro Moon), Seiko (5 Sports), Grönenfeld (One Hertz), Greubel Forsey (Invention Piece 2), Eberhard & Co (Titanium Chrono 4 Géant), Citizen (Satellite Wave)… Expirez!

Vous en prendrez bien encore un peu? Vivement l'année prochaine!


BIPH