La femme qui fait rêver toutes les autres

3 minutes read
Créée en 1949, la marque horlogère DeLaneau, désormais menée de main de maî̂tre par Cristina Wendt-Thévenaz, n'en finit plus de conquérir le cœur des femmes.

Tribune des Arts - Septembre 2010Gabriel Tortella et Sylvie Guerreiro

C'est un fait. Les femmes sont de plus en plus au pouvoir, dans des postes de plus en plus élevés. A Genève, Cristina Wendt-Thévenaz est de celles-là. CEO et directrice artistique de la maison horlogère DeLaneau, espagnole par son père et suisse-allemande par sa mère, elle est parmi les plus talentueuses en son domaine. Le charme et la beauté en prime.

 

Delaneau_328352_0

 

Depuis qu'elle en a repris les rênes, il y a déjà 11 ans, DeLaneau n'en finit pas de croître dans le cœur des femmes, à qui ses montres sont dédiées corps et âme. Après une toute première boutique ouverte en mars, 10 quai Général-Guisan à Genève et qui fait d'ailleurs un tabac (j'ai eu du mal à freiner mon épouse!), une seconde vient d'être inaugurée à Moscou, et bientôt une troisième à New York. Son secret? Des montres joaillières contemporaines ultra-féminines, souvent ornées de fleurs mais dotées d'une vraie personnalité, alliant haute horlogerie et poésie créative, mais aussi simplicité des formes. Et surtout, des montres dont pas une n'a son exacte jumelle, même si elles sont regroupées par familles pour former un univers unique en son genre. Ainsi en va-t-il des œuvres d'art.


A la conquête des maharadjahs


Le premier atelier DeLaneau remonte à 1949, à Bienne. Peu à peu, les affres de la guerre laissent place à l'extravagance, l'envie de liberté, le glamour. Les modèles à suivre viennent d'Hollywood et de Cinecitta. Toutes les femmes se rêvent en Anita Ekberg batifolant dans la fontaine de Trevi. Et joailliers comme horlogers se font une priorité de répondre à ce rêve avec, pour idée fixe, celle de voir leurs créations portées par les plus belles stars. Exception faite de DeLaneau qui, en 1965, passe sous l'égide de Rolf et Yolanda Tschudin, un couple bien décidé à créer un style DeLaneau basé sur l'excellence et à le hisser au sommet.

 

Delaneau_328352_1



Suissesse, fille de sculpteur, descendante d'une famille florentine de marchands d'art, Yolanda dirige la création. Et très vite, elle ne dessinera plus que des montres joaillières de luxe, de celles susceptibles de plaire aux maharadjahs et autres sultans. Un choix stratégique qui leur assurera une renommée internationale, à l'heure où leurs homologues produisent toujours plus de montres commerciales. Solidement encrés dans cette niche, les Tschudin n'en démordront plus, même sous la pression du quartz et des montres électroniques qui dès le début des années 80, déferleront sur le marché, projetant une ombre terrible sur l'horlogerie suisse.

Et voilà que Cristina s'en mêle! Nous sommes en 1999. Ce sera la révolution. Pour elle, une seule chose à faire: revenir aux vraies valeurs de l'horlogerie mécanique tout en offrant aux femmes cette vraie belle montre féminine de caractère réellement adaptée à son mode de vie actuel. Elle n'est pourtant pas du métier, mais plutôt architecte. N'empêche, elle a déjà tout compris. En particulier cette différence de perception des choses – et surtout du temps – qui oppose hommes et femmes. Travailleuse et tenace, dotée d'un goût très sûr, passionnée de complications horlogères, littéralement amoureuse des pierres et des métiers d'art comme le travail de l'émail, le sertissage, la gravure... elle a tout pour réussir. Et au diable la mode! Les modèles qui naîtront sous ses doigts relèveront de l'ordre de l'instinctif, de l'émotionnel, du cœur. On en tombera amoureuse, comme ça, sans réfléchir.

Delaneau_328352_2