Le grand revirement de Jérôme Biard

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Jérôme Biard’s big turnaround - Corum
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A la tête de la marque depuis sept mois seulement, le CEO de Corum l’a déjà complètement remaniée. Interview.

Vous avez réalisé beaucoup de choses en très peu de temps. Dites-nous-en plus sur le renouvellement de la marque.
J'aime résumer ma stratégie en disant que je veux rendre visible l'esprit de René Bannwart, le fondateur la marque. Ce qui implique une montée en gamme, une meilleure qualité et un peu d'audace. Dans cet esprit, nous avons complètement revu l'image de la marque avec l’introduction de nouvelles couleurs, des lignes plus raffinées et des vitrines plus claires. Je crois aussi que “moins c'est plus”, et nous allons de ce fait diminuer notre production, réduire le nombre de points de vente ainsi que celui des références de notre collection. Dans le même temps, je souhaite revaloriser la marque grâce à la qualité de ses produits et retrouver une partie de la folie créatrice qui a fait sa réputation par le passé. 

Quels ont été les premiers retours sur ce renouvellement et la collection 2018?
Les premiers retours sont arrivés très vite lors de notre réunion de lancement de Baselworld. Notre représentant en Allemagne, qui travaille avec la marque depuis plus de 30 ans, s’est dit impressionné par les vitrines. J'ai eu des réactions similaires de la part des journalistes. L’équipe elle-même n'a pas changé. J’apprécie que nous soyons une petite équipe, et que nous fassions tout nous-mêmes. Nous avons des collaborateurs de talent qui ont réalisé eux-mêmes nos visuels publicitaires et les photos des produits.

Le grand revirement de Jérôme Biard

Corum compte des ambassadeurs très intéressants et très inhabituels. Comment les trouvez-vous?
Certains d'entre eux sont inconnus, et il faut sortir pour les trouver! Nous avions déjà quelques grands ambassadeurs pour la collection Bubble, mais je ne voulais pas trop me concentrer sur cette seule collection. Il y avait un peu d'humour, ce qui est bien, mais il doit venir en plus du côté sérieux des choses. Nous avons donc discuté de ce que nous pouvions faire et nous avons trouvé Joachim Horsley sur YouTube. Son approche originale nous a plu car elle correspond à la marque. Nous sommes différents et lui aussi. Quand nous l'avons contacté, il n'avait pas encore sorti son premier album et cherchait un financement via Kickstarter. Il vient de faire ses premiers concerts en Europe.

Le contact avec Djibril Cissé s'est fait de manière totalement différente. L’un de mes fils avait remarqué que Djibril Cissé portait une Bubble dans l’un de ses posts sur Instagram. Il est entré en contact avec lui via Instagram et Djibril l'a orienté vers son agent. Ils se sont rencontrés à Lausanne et depuis, les choses ont avancé. Djibril Cissé a acheté sa première Bubble 2002, il en possède aujourd’hui plusieurs modèles et nous a déjà proposé de collaborer activement avec nous. Vous pouvez voir quelques photos de promo que notre photographe maison a faites de lui, contre les murs de béton de la manufacture.

Avez-vous constaté une différence à Baselworld cette année?
Nous avons eu beaucoup de visiteurs et Baselworld est très important pour nous. Mais c’est aussi important d’être entourés par les bonnes marques. Je ne parle pas nécessairement de segment de prix, mais de créativité et d'innovation. Il faut que nous soyons parmi les marques dynamiques.

Cela signifie-t-il une clientèle plus jeune?
Pas nécessairement. Il y a des jeunes qui agissent comme des vieux et des personnes plus âgées qui se comportent comme des jeunes. C'est donc plus une question de type de personne que d’âge. C'est ce que nous devons trouver.

Avez-vous des projets pour le commerce électronique?
Nous avons ouvert une e-boutique en test pendant Baselworld. Elle comprend environ 30 modèles et proposera des modèles exclusifs. Une présence commerciale sur Internet est nécessaire, car c'est la réalité d'aujourd'hui. Les gens font par exemple leur shopping en ligne le soir. Nous avons trouvé une façon originale de faire du e-commerce avec une montre "Bitcoin". La Coin est une montre iconique de Corum et une version bitcoin est le modèle idéal pour des ventes en ligne exclusives.

Comment le détaillant qui a pignon sur rue s'inscrit-il dans cette stratégie?
J’aide avec plaisir les détaillants qui nous aident. Si nous constatons une hausse des commandes en ligne provenant d'une ville où se trouve un détaillant qui a fait du bon travail, nous trouverons un moyen de le récompenser. Mais, à l’inverse, les données peuvent aussi nous montrer où le concept ne fonctionne pas. A ce stade, il est important pour nous de travailler avec des détaillants prêts à investir dans la marque. Je ne vais pas courir après des détaillants qui ne sont pas intéressés. Je préfère développer la notoriété de la marque et les laisser venir vers nous dans quelques années.

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Prenez Laurent Picciotto de Chronopassion, par exemple. Il fait bien plus que simplement vendre ; il me fait des propositions. Avec lui, nous avons développé la montre Hobo Coin et il en a commandé 15. Il sera le premier détaillant à les vendre, les autres les auront ensuite. Plus qu’un simple détaillant, Picciotto est un influenceur. Les gens l’écoutent. Et comme par magie, des détaillants qui n'étaient pas intéressés à nous aider s’intéressent soudain à la montre Coin.

S’il ne fallait choisir qu’une montre de la collection Corum, laquelle porteriez-vous ?
L’Admiral au cadran en teck. C’est celle qui correspond le mieux à ma personnalité et je peux la porter facilement en toutes circonstances. C’est sans hésitation ma préférée. 

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